Sélectionner une page
Le début du live du Monde, le jour de l'attentat à la rédaction de Charlie HebdoCapture d'écran Le Monde.fr

Le début du live du Monde, le jour de l'attentat à la rédaction de Charlie Hebdo

L'attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, puis la prise d'otages au supermarché Cacher de la porte de Vincennes, s'est traduit par un live d'une ampleur inédite sur le site web du quotidien Le Monde.

Durant 125 heures, une quarantaine de journalistes, sans compter les rubricards, se sont succédé pour alimenter le fil, dans une course tenant à la fois du sprint et du marathon.

Le résultat d'audience a été à la hauteur de l'émotion provoquée par les événements, et de l'enjeu d'information. 500 000 personnes étaient connectées simultanément au live, et 50 000 commentaires ont été postés. Laurent Telo revient sur "Comment fonctionne le live du Monde" dans un article paru dans M, le magazine.

Malgré l'ampleur de ce moment partagé, le sociologue des médias Jean-Marie Charon, interviewé dans la revue Sciences Humaines tempère sa nouveauté :

L’expérience médiatique qui vient d’être vécue n’est pas inédite pour les Français : elle reproduit de très près le traitement de l'affaire Mohamed Merah. Il s’agit d’une sorte d’aboutissement grâce aux moyens de communication modernes, d’une course à la vitesse qui débouche sur ce phénomène de l’instantanéité dans la couverture de l’événement, dans sa continuité.

A écouter également, pendant quelques jours, L'Instant M, de Sonia Devillers sur France Inter du 19 janvier 2015, qui revient avec Emmanuel Hoog, président de l'AFP sur le temps réel de l'information, et la concurrence avec Twitter, en particulier sur ce qui s'est passé durant la même séquence médiatique.

Chacun, dans ses analyses et ses interventions se pose à chaque fois la question de la légitimité de la vitesse, des limites journalistiques à ne pas franchir. Jean-Marie Charon revient notamment sur les dérives qui ont conduit le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel à convoquer les chaines d'information au lendemain des événements :

Ces modes de traitement posent énormément de questions, à la fois du point de vue de la qualité de l’information recueillie (disparition de toute forme de recul, fragilité vis-à-vis de toutes les formes d’instrumentalisation), du point de vue de l’éthique (notamment les répercussions sur les personnes et les groupes concernés), ainsi que du point de vue de l’ordre public ou du simple déroulement des faits.

Notons que les médias et leurs observateurs ne sont pas les seuls à se poser des questions. La Gendarmerie nationale a elle-même mis en place un dispositif spécial "réseaux sociaux" à l'occasion de cette séquence, avec un projet éditorial détaillé dans un article de L'Express.