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twitter-storyFlavien Plouzennec | Médiacademie

C’est l’appli dont tout le monde parle... Le pure player américain Quartz a lancé ce mois-ci une application pour iPhone présentant des infos à la façon d’un tchat ou d’une conversation SMS.

En gros, l’appli vous briefe sur un sujet, vous décidez d'en savoir plus ou vous passez au suivant. Le tout sous la forme et sur le ton d’un dialogue entre amis, avec bulles de dialogues et emojis.

L’appli ne marque pas de rupture technologique mais “détourne” en quelque sorte un format existant pour en faire un produit éditorial innovant. C’est bien fait et c’est surtout très malin.

Pour au moins 7 raisons:

1 - L'appli tire parti de ses faiblesses
La rédaction de Quartz ne dispose ni de la richesse éditoriale du New York Times, ni des montagnes de données utilisateurs de Google ou Facebook. Sa capacité à produire et proposer des contenus personnalisés est donc forcément réduite. A l'arrivée, l'appli du pure player offre un choix de contenus et d’intéractions limité mais une expérience originale, reposante (voir 7) et divertissante.

2 - Elle joue avec les “patterns”
Ce que Quartz fait avec la messagerie de l’iPhone, La Matinale du Monde l’a fait avec Tinder et brief.me avec l’email. Lorsqu’un modèle d’intéraction (“pattern”) semble adopté, il suscite de nouvelles créations. On verra sûrement d’autres médias s’amuser avec le tchat, surtout avec le succès grandissant des applis de messagerie type Messenger et des plateformes de communication comme Slack.

3 - Elle est “mobile native”
L’application de Quartz est plus que “mobile first”, elle est mobile... tout court. “On a mis de côté tous les concepts existants sur les applis de news pour imaginer ce que serait notre journalisme s’il était intégré de manière native à nos iPhones”, a expliqué l’équipe dans son communiqué de présentation. “Ce ne serait pas un copier-coller du site qz.com mais quelque chose de complètement différent.”

4 -  Elle cible pour valoriser sa publicité
Par ses choix et son ton, l’appli exprime une “personnalité” qui parlera à un type d’audience - on l'imagine plutôt jeune, internationale et branchée . Cela réduit certes l’audience potentielle mais cela rend l’appli plus attractive pour les annonceurs. La niche est souvent préférable à la notion fourre-tout de grand public.

5 - Elle va vite apprendre
L’appli a quelques petits défauts visuels et ne sait pas grand-chose de ses utilisateurs. Mais l’algorithme - et l’équipe qui le contrôle - va apprendre. Jeune média, Quartz a parfaitement intégré les cycles d’innovation moderne et des méthodologies type “Lean Start up”. Le plus vite un produit, dans sa version minimale, est lancé, le plus vite on peut l’améliorer en étudiant ses utilisateurs.

6 - Elle sait nous embarquer
Chez les designers, l’”onboarding” désigne l’expérience de prise en main d’une application. Il s’agit de guider et séduire. Une étape critique alors qu’au moins un utilisateur sur cinq ne réutilise jamais l’appli qu’il a téléchargée. Pas de problème ici, tant le tchat nous est familier. En quelques messages, le petit "bot" de Quartz nous explique le fonctionnement de l’appli et décroche plusieurs sourires. Même le site spécialisé UserOnboard a été bluffé.

7 _ Elle est discrète
On l’a dit: sur l’appli de Quartz, les intéractions possibles et le nombre d’infos présentées sont limitées. Les parti-pris de la rédaction peuvent décevoir (voir 4) mais aussi rendre service à des utilisateurs déjà ultra-solicités. “Vous allez adorer recevoir nos notifications”, promet l’application. Les publicités, peu nombreuses et bien intégrées à l’expérience, suivent la même logique.

Bonus: elle est très bien écrite
On l’oublie mais l’écriture est un élément fondamental du design, a fortiori lorsque les repères visuels sont quasi-absents. On parle ici de “microcopie”, ces labels et messages présentés à l’utilisateur pour guider, encourager, valider, etc. Appli de journalistes, Quartz est très très bien écrite. Et oui, les émoji, c’est aussi de l’écriture.

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