Sélectionner une page

Florence Aubenas constate que les média sont plus adaptés pour traiter les "gros" événements que pour s'intéresser à ce qui change dans la vie des gens.Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons

Florence Aubenas constate que les média sont plus adaptés pour traiter les "gros" événements que pour s'intéresser à ce qui change dans la vie des gens.

N'oublions pas l'essentiel. Si l'on se concentre dans cette newsletter sur les mutations technologiques et les évolutions des usages, c'est qu'elles remodèlent les contenus, les organisations et les métiers, mais elles ne traduisent que l'évolution des moyens dont nous disposons.

N'oublions pas l'essentiel. C'est Florence Aubenas qui nous rappelle à l'ordre dans les interviews qu'elle a données à l'occasion de la sortie du recueil de ses chroniques parues dans Le Monde au cours de la dernière année. Interrogée par Metronews, la reporter partage son regard sur les médias actuels.

"Je pense que les journaux sont faits pour les gros événements. Pour la terre qui tremble, pour les bombes qui tombent, on est super-équipés. Les gros titres, les phrases choc... Quant il s'agit de tâtonner dans le quotidien, de ne pas trop savoir où on met les pieds, de prendre des détails minuscules, ces petites choses qui font qu'on a l'impression que la vie change, et pas de la façon dont on voudrait, c'est très difficile à capter. Nos radars sont trop gros pour ça, il faut changer d'instrument."

La journaliste nous incite à changer de focale, à raconter à hauteur d'homme, à nous défier parfois de l'information en continu ou en live qui formate et place tous les événements sur le même plan.

Ces "radars" —dont parle Florence Aubenas— qu'il faudrait rendre plus sensibles, est-ce que les évolutions numériques ne les mettent pas à notre portée ? Elles nous rapprochent du public, rendent le dialogue possible, permettent la collaboration. Beaucoup reste à faire pour renouer ce fil de la confiance dont Florence Aubenas nous rappelle qu'il est bien trop distendu entre les médias et leur public.

Philippe Couve, Cyrille Frank, Damien Van Achter, Cédric Motte